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 Texte de la table de lecture du Château médiéval 

Le château médiéval de La Tour-du-Pin.

 

Par Arlette Perrin

 

Berceau de la troisième lignée des Dauphins de Viennois, le château de la Tour est mentionné pour la première fois en 11201. Les sires de La Tour-du-Pin dont le nom apparaît à partir de 1107 sont de puissants seigneurs qui contractent des alliances avec des familles de haut rang. En 1282, Humbert de La Tour devient le quatorzième Dauphin de Viennois. Chef-lieu d’une châtellenie imposante comptant une quinzaine de paroisses en 1338, le château, incorporé au Dauphiné en 1305 puis au Royaume de France en 1349, est partie prenante de conflits répétés, notamment avec la Savoie. Dans la seconde moitié du XVe siècle, le futur roi Louis XI le choisit pour y séjourner à plusieurs reprises. Les guerres de religion ont raison de cette forteresse qui n’est pas restaurée après les assauts de mai 1591. Le tertre occidental - sur lequel est érigée en 1858 une statue de la Vierge - demeure l’unique vestige visible. Tel que le définit l'étude topographique, le site se présente sous la forme d'un quadrilatère irrégulier cantonné latéralement au sud par les deux tertres (voir le plan ci-joint). Entre ces promontoires, une plate-forme se déploie. Au nord-est de cet ensemble, un fossé, long de 90 mètres définit un nouvel espace constituant un site dit en éperon barré. L’enceinte castrale qui s’étire sur 322,5 toises (1338 ; soit 645 mètres, si l’on admet que la toise mesure environ deux mètres et le pied 34 cm en Dauphiné) est dotée de onze « fausses tours » et percée de deux grandes portes (1338), nommées porte de la Poype à l’ouest (1417-8) et porte du Mont à l’est (1347, 1366, 1417-8). Un donjon massif construit sur arcs coiffe le tertre oriental. Il est composé de quatre tours rondes dont la tour maîtresse qui atteindrait l’exceptionnelle hauteur de 24 toises (48 mètres, 1338) pour un diamètre de 12m70 (1338), la base de ses murs est de 10 pieds (3m40). Une porte dessert ce bastion (1341) ainsi qu’une poterne (1372). Deux salles (aulae) sont fréquemment mentionnées (1338, 1366, 1402, 1423,) signe de l’importance du château, articulées à des chambres (camerae). Des équipements de service (cuisines, boulangerie, celliers, four) ainsi qu’un jardin et deux puits assurent l’autonomie de la place forte. Se présentant comme une défense avancée, le bourg de Saint Clair parfois dénommé Bourg du Mont (1347) est doté lui aussi d’une enceinte de 120 toises (240 mètres) cernée de fossés, percée d’une porte et dotée d’une « fausse tour » (1338). L’église de Saint Clair, proche de l’entrée du château, est vraisemblablement la chapelle du château. L’ensemble est entouré de fossés et jouxte à l’est l’enceinte du bourg de La Tour. En 1417-8, le château est défini en termes de magnum castrum (grand château : donjon et plateforme médiane) et de bassum castrum. Cette seconde zone renferme des bâtiments résidentiels de premier ordre, ceux de la coseigneuresse de La Tour, Billete de La Tour, « la maison du dauphin » et la tour de Drens. Le château de La Tour-du-Pin, de par ses dimensions colossales, son enceinte richement pourvue de tours et la taille imposante de sa tour-maîtresse est un site remarquable en Dauphiné qui témoigne d’une histoire qui s’inscrit au plus haut rang politique.

 

Bibliographie : DENIER André, La Tour-du-Pin, Terre des Dauphins, Bourgoin, A. Guilhem, 1966 ; PERRIN Arlette, La Tour-du-Pin, ville médiévale, Grenoble, 2010 (articles publiés aux CTHS et PUG, 2000-2004); Collectif, Patrimoine en Isère, Vals du Dauphiné, Grenoble, Service du Patrimoine culturel du Conseil Général, 2013, pour La Tour-du-Pin : CLAVIER Annick, MOYNE Jean-Pierre, PERRIN Arlette. Nos remerciements au Service du Patrimoine culturel du CG de l’Isère pour l’autorisation d’utilisation des résultats de l’Inventaire.

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